Sociologie des solidarités

Les solidarités présentent-elles un intérêt sociologique ? Si la question peut surprendre, elle est néanmoins légitime car il n'existe pas de spécialité de la science de la société propre aux solidarités. Sans doute parce que les solidarités bien que structurantes se caractérisent souvent par la nécessité d'un engagement informel. Autrement dit, venir poser une idéal-type sur les manifestations quotidiennes de tels actes risquerait d'en briser l'élan spontané. C'est d'autant plus dommage car bien qu'omniprésentes les solidarités possèdent des caractéristiques tout à fait éclairantes sur les comportements sociaux. Dans certains cas, elles sont l'expression de normes sociales.



Parce qu'elles répondent à l'ensemble des caractéristiques d'un fait social selon la définition qu'en donne Emile DURKHEIM, son fondateur, les solidarités constituent sans conteste un objet d'étude de la sociologie. La solidarité n'est pas une valeur mais un principe qui s'appuie sur les concepts d'intérêts et de droits communs. 
Les typologies de solidarités se présentent dans un large champ d'activités humaines. Ainsi, il est possible d'identifier la solidarité territoriale ou nationale ou internationale autant que les solidarités familiale mais encore intergénérationnelle et économique.

Tout acte de solidarité s’inscrit dans une triple approche : un engagement, un intérêt ainsi qu’une motivation qui n’en font pas moins de lui une manifestation honorable. Mais qui néanmoins s’explique et se qualifie. La solidarité ne peut se décréter mais s’anime, se stimule, s’organise. D’autres théories de l’engagement[1] l’ont déjà prouvées, il faut à l’individu une raison suffisante qui le pousse à agir. L’engagement rejoint les propres valeurs que portent chacun. L’intérêt s’illustre par le bénéfice que l’action générera en retour à son auteur. Enfin, la motivation se caractérise par le sentiment de reconnaissance qu’elle apportera.

Si elles en sont le miroir, en quoi les solidarités sont-elles représentatives du fonctionnement d’une société ? C'est précisément à cette question que pourrait répondre, si elle voyait le jour, la sociologie des solidarités.





[1] Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens, Robert-Vincent JOULE, Jean-Léon BEAUVOIS, PUG, 2002.